[C3-EAG] Mais qui es-tu, FC Dynamo Kiev ?

Après les campagnes européennes de 1996-97 (élimination en 32èmes de l'UEFA par l'Inter Milan) et 2009-10 (sorti au 3ème tour préliminaire de l'Europa League par Hambourg), l'En Avant de Guingamp d'apprête à disputer ce jeudi, le premier 16ème de C3 de son histoire face au Dynamo Kiev. Un club habitué aux joutes continentales, mais relativement peu médiatisé en France. Rémy Garrel, spécialiste du club le plus titré d'Ukraine, a (gentiment) accepté de répondre à quelques questions. 

Bonjour Rémy, peux-tu te présenter ?

J'ai 25 ans, je suis étudiant en gestion d'entreprises à l'Université de Clermont-Ferrand, en Master 2. Je gère depuis 2012 la communauté francophone du Dynamo Kiev. En parallèle je suis rédacteur et spécialiste du championnat ukrainien pour le site footballski.fr, qui traite du football d'Europe de l'Est.

D'où te vient ta passion pour le Dynamo ?

J'ai connu le Dynamo étant petit devant la télé, j'étais subjugué par les exploits d'Andriy Shevchenko en Champions League. J'étais sûrement le seul gamin de France à prendre le Dynamo Kiev dans FIFA 99 pour affronter mes potes. J'ai toujours gardé un œil sur le Dynamo durant toute ces années. En 2012, j'ai eu l'occasion de partir plusieurs mois à Kiev dans le cadre de mes études. J'ai pu me rendre au stade et vivre au plus près du club. Son identité, son histoire soviétique et ce qu'il représente en Ukraine n'ont fait que confirmer l'amour que je porte au Dynamo.

L'EAG est-il vraiment pris au sérieux à Kiev ?

Les médias ukrainiens suivent de près les résultats de l'EAG depuis le tirage, on y trouve des comptes-rendus de match chaque semaine. Je pense que les journalistes et les gens en général prennent Guingamp au sérieux, surtout après leur parcours en poule. Ils sont conscient que l'équipe donnera tout sur les deux rencontres. En ce qui concerne les joueurs, ce sera leur dernière saison à Kiev pour un certain nombre d'entre eux. Finir en beauté en Coupe d'Europe est un objectif important.

Le Dynamo Kiev est-il impacté par les événements qui se déroulent actuellement dans l'est du pays ?

Le Dynamo est beaucoup moins impacté que les clubs délocalisés (Shakhtar Donetsk notamment), mais les joueurs ukrainiens sont tout de même inquiets pour leur pays, et les joueurs étrangers pour leur sécurité. Le conflit actuel impacte aussi beaucoup les supporters, certains ultras sont engagés dans les bataillons de volontaires dans l'Est, et les autres ont beaucoup moins la tête au foot en ce moment. Les affluences sont en baisse partout dans le pays.

"Guingamp a un réel coup à jouer sur le plan physique"

En décembre dernier, des supporters stéphanois ont été agressés à l'arme blanche et au pistolet à grenaille dans un bar de Kiev, en marge du match contre Dnipropetrovsk (dont les supporters sont proches de ceux du Dynamo). Crains-tu que cette rencontre (présentée comme étant « à risques » par certains médias) devienne un prétexte pour de nouvelles violences ?

La rencontre sera un prétexte seulement pour certains stéphanois qui veulent une "vengeance". En revanche, il n'y aura aucun problème entre supporters de Guingamp et de Kiev. Il n'y a aucun contentieux entre ces supporters, contrairement à Dnipro-St-Etienne, puisque des fans ukrainiens avaient été pris à partie devant Geoffroy Guichard lors du match aller, ce que beaucoup de stéphanois se gardent bien de dire. Bien sûr, cela n'excuse en rien le déchaînement de violence au retour, que beaucoup de monde condamne en Ukraine.

Dans quelle état de forme sera le Dynamo, compte-tenu de la trêve hivernale du championnat ukrainien ?

La longue trêve est toujours un problème pour les joueurs, qui seront forcément en manque de compétition malgré les matchs amicaux. Ce n'est jamais évident de se plonger dans des matchs éliminatoires de coupe d'Europe après une pause de trois mois. Guingamp a un réel coup à jouer sur le plan physique.

Quels seront les joueurs à surveiller ?

L'attaque du Dynamo est en grande forme cette année. Les ailiers Yarmolenko et Jeremain Lens sont les atouts majeurs de l'équipe. Rapides et techniques, ils sont capable de faire la différence tout seul sur un ballon. Yarmolenko est un gaucher qui joue à droite, à la manière de Robben, il est capable de repiquer intérieur et de trouver la lucarne opposée assez facilement. Dieumerci Mbokani est de retour de la CAN et revient en forme après une longue blessure. Il n'a pas l'air très technique, mais c'est un redoutable finisseur. On peut également citer Younès Belhanda au milieu, tout comme le jeune Sergiy Sydorchuk, très polyvalent.

Et les points faibles ?

Je dirais que les points faibles se situent derrière, avec une charnière Khacheridi-Dragovic parfois maladroite et lente. Danilo Silva, arrière droit, est aussi très limité défensivement. A gauche, on attend les débuts de l'international portugais Vitorino Antunes, arrivé le mois dernier. On peut également ajouter le milieu défensif Sergiy Rybalka, très indiscipliné, et qui a tendance à être averti très tôt dans le match.

Le Dynamo n'a perdu qu'un match cette saison, face aux danois d'Aalborg. Finalement la recette du succès pour Guingamp, c'est d'aligner Lössl, Schwartz et Jacobsen, non ?

C'est peut être la solution, qui sait ? Même si ce match est une défaite en trompe l'oeil. Les danois ont inscrits trois buts sur leurs trois seules occasions, contrairement au Dynamo. L'arbitrage avait été ce soir là scandaleusement en faveur d'Aalborg. Le résultat ne reflétait pas du tout la physionomie de la rencontre. Mais bon cela fait partie du foot aussi...

Un grand merci à Rémy pour sa réactivité et sa disponibilité !

Vous pouvez le retrouver sur twitter (@Starlin63) et sur Footballski.fr.