Tout comme au hand ou au hockey, le gardien de but est un poste clé du football. Bien qu'ayant sensiblement évolué au cours des dernières années, avec des exigences aujourd'hui proches de celles d'un joueur de champ (jeu au pied, placement avancé sur le terrain), le poste de gardien de but conserve malgré tout de nombreuses spécificités. Souvent dépeint comme un être solitaire, voire complètement timbré, le « goal » est un individu résolument à part, obéissant à ses propres règles que nous vous dévoilons en exclusivité.
I. De tes mains, tu te serviras
C'est probablement la caractéristique
la plus représentative du poste, et la différence la plus
fondamentale avec les joueurs de champ. Une spécificité qui, de
tout temps, a suscité les convoitises de ces derniers, de Maradona à
Thierry Henry en passant par Vata, Messi ou Luis Suarez. Cette particularité impose par ailleurs
au gardien un équipement adapté : les gants. Si les attaquants
flambent souvent avec leurs Nike Mercurial Vapor Superfly jaunes ou
rose fluo, le parfait compagnon du gardien de but répond au doux nom
d'Uhlsport Fangmaschine Absolutgrip Cerberus Supersoft. Nous n'avons
pas les mêmes valeurs.
II. D'erreur, tu ne commettras pas
Un attaquant peut louper deux grosses
occasions ; s'il convertit la troisième, c'est celle-là que
l'on retiendra. A contrario, un gardien peut sortir deux énormes
parades, s'il se troue sur son troisième ballon, il en entendra
parler pendant des semaines (et fera en prime, le tour des télés du
monde entier s'il a le malheur d'avoir été filmé pendant ce
douloureux épisode). Rôle ingrat, on vous dit.
III. Chambré, tu seras
En lien avec le point précédent, le
chambrage fait partie intégrante du quotidien du gardien de but.
Pour cela, la panoplie à disposition de l'adversaire est
impressionnante, des traditionnels sifflets du public local au désormais célèbre « oh
hisse enculé » à chaque 6m (voir ci-dessous),
en passant par les bruitages en tout genre de l'attaquant qui vient vous
presser pour vous forcer à dégager en catastrophe (pour citer les
plus courants : « psssccht », « prout »,
« bouh »). Enfin, il y a l'humiliation suprême :
le bien connu « eh gardien, t'as oublié de mettre du
grillage ? », consécutif à un but encaissé sur un
petit pont. Le duel qui suit est généralement douloureux pour
l'attaquant chambreur.
IV. Les 6m, tu tireras
Les coups de pieds arrêtés sont une
composante majeure du football. Ils sont souvent associés à un
profil de joueur particulier. Les n°10 à l'ancienne, façon Platini, sont souvent
spécialistes des coups-francs. Un vrai n°9 qui se respecte doit
être capable de frapper un pénalty. Pour le gardien de but, c'est
le dégagement des 6m, ou plus formellement « coup de pied de
but » (traduction officielle de la loi 16 du Board). Un
exercice bien plus compliqué qu'il n'y paraît. Notamment pour
les gardiens amateurs, bien souvent contraints d'aller chercher le
ballon à l'autre bout de la piste d'athlétisme qui entoure le
terrain municipal avant de pouvoir dégager.
V. Un maillot distinctif, tu porteras
« Arbitre de foot : on n'a
pas le même maillot, mais on a la même passion ». Ce slogan
de la Poste aurait très bien pu s'appliquer aux gardiens de but, contraints de porter une tenue différenciente par rapport à leurs coéquipiers. Historiquement sombre (Lev Yachine était
notamment connu sous le surnom d' « araignée noire »),
le maillot de gardien a subi de plein fouet les expérimentations
douteuses des équipementiers dans les années 90. Ceux-ci se sont
depuis rabattus sur les maillots Europe de l'OL et l'OM.
VI. A part, tu t'entraîneras
Pour un gardien, le seul moment de convivialité (pour
les plus chanceux) se résume au classique tour de terrain de début
d'entraînement. Généralement, celui-ci termine d'ailleurs avec 2
ou 3 tours de retard sur le peloton de tête des joueurs de champ.
Passée cette mise en jambe, ça se gâte : abdos, étirements,
avant de se faire canarder à bout portant et à rythme soutenu
pendant 1h30. C'est simple : c'est le seul joueur qui travaille
plus à l'entraînement qu'en match.
VII. Dans la boue, tu plongeras
Le foot est synonyme de pelouse. Mais
pas pour tout le monde. Si les gardiens pro sont (généralement)
bien lotis, encore une fois, on ne peut pas en dire autant des
gardiens du dimanche, pour qui la verdure se fait rare dans la surface. Une surface qui évolue au rythme des saisons, oscillant
entre terre bien dure (effet dalle de béton) l'été, et mare aux canards l'hiver. Désormais,
vous ne vous moquerez plus jamais des gardiens en bas de survêt.
VIII. Sur tes coéquipiers, tu crieras
C'est bien connu, les grands gardiens
sont des grandes gueules. L'impressionnante lignée de portiers
allemands, de Schumacher à Jens Lehmann en passant par Oliver Kahn,
en est le parfait exemple. Un gardien de but doit savoir se faire
respecter de ses coéquipiers comme de l'adversaire. Cela passe par
le traditionnel « J'AAAAAI » sur un ballon aérien, ou
encore par le périlleux exercice du placement du mur sur coup-franc, qui
permet de se rendre compte que tout le monde ne maîtrise pas sa
gauche et sa droite.
IX. Solidaire des autres gardiens, tu seras
Les gardiens de
but forment une vaste confrérie. Leur différence est leur force,
c'est ce qui les unit. Conscients de l'ingratitude du poste, ils
savent très bien que si l'un des leurs commet une boulette, la même
mésaventure peut très bien leur arriver la semaine suivante. C'est
pourquoi il est relativement rare d'entendre un gardien incendier un
autre gardien. Au contraire, lorsque l'un d'entre eux se retrouve
sous les feux de la critique, les collègues volent à son secours.
En tant qu'ancien gardien et ancien du PSG, Jérôme Alonzo n'a par
exemple jamais critiqué Apoula Edel en public. Et ça, c'est beau.
X. Les buts de ton équipe, seul tu célèbreras
La solitude du
gardien de but prend sa pleine mesure dans les moments de joie
collective. Alors que l'ensemble de l'équipe, des attaquants aux
défenseurs, se jette généralement sur le buteur providentiel, le
gardien de but, lui, reste souvent bien sagement dans sa surface. Au
mieux, il partage son bonheur avec les supporters présents dans la
tribune derrière le but (encore faut-il qu'il y ait des supporters).
Il y a deux raisons à cela. La première, c'est qu'il doit rester
concentré et ne pas céder à l'euphorie qui pourrait le faire
sortir de son match. La deuxième (probablement la plus importante),
c'est qu'il faut traverser tout le terrain en sprint pour aller
congratuler ses coéquipiers, et ça, c'est fatiguant.
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